La production d'eau potable dans les armées en situation de crise

The production of drinkable water in french army in emergency situation

¹ Laboratoire de Biochimie et de Toxicologie cliniques, Hôpital d'Instruction des Armées Percy, 101 avenue Henri Barbusse - 92141 Clamart
² Laboratoire de la Chaire de Sciences pharmaceutiques, Toxicologie et Expertise dans les armées, Ecole d'Application du Service de santé des Armées, Val-de-Grâce, 1 place A. Laveran - 75230 Paris Cedex 05
³ Laboratoire de Biologie Médicale, Hôpital d'Instruction des Armées Bégin, 69 avenue de Paris - 94160 Saint-Mandé

Résumé

L'objectif est d'obtenir à partir d'une ressource de qualité incertaine, une eau qui après traitement et désinfection puisse être consommée sans risque par les militaires.

En situation de crise, les possibilités de contamination de l'eau sont multiples :

- microbiologique dans les pays où le niveau socio-économique et éducatif vis-à-vis du péril fécal est faible,

- destruction du réseau de distribution par les armes,

- utilisation de l'arme chimique ou biologique.

Afin de faire face à ces différentes éventualités et compte tenu des besoins en eau, plusieurs types de matériels de traitement aux performances inégales sont présentés.

L'appareil individuel Kitopur®, actuellement en dotation, constitué d'une cartouche filtrante à base de charbon actif, a été évalué. Après filtration de 30 litres d'eau chargée de matières organiques, la cartouche est colmatée et il persiste quelques entérobactéries dans l'eau filtrée.

De nouveaux systèmes individuels de filtration ont également été évalués :

- l'un fait appel à une filtration de surface sur céramique, dont le seuil de filtration est de 0,2 µm. Les micro-particules et les germes pathogènes en suspension sont retenus. Cependant, le colmatage des pores est à redouter,

- l'autre est une "paille" à usage individuel, constituée d'un préfiltre, d'une résine penta-iodée et d'un filtre de charbon actif.

L'efficacité de la filtration est excellente lorsque les pollutions organique et bactériologique restent modérées. En revanche, avec une eau boueuse très polluée, la stérilisation n'est plus assurée et la paille se colmate.

L'appareil portable M.E.P. 200® fabriqué par la société MENGIN peut traiter 200 litres d'eau par heure. Après trois jours de fonctionnement ou une filtration de 1200 litres d'eau, l'élément filtrant est à remplacer.

L'appareil mobile AQUAMOBIL® fabriqué par la société ENTROPIE S.A., dont le principe est basé sur un procédé de distillation à basse température par thermocompression, produit 1500 litres d'eau par heure assurant une épuration bactériologique et chimique parfaite.

L'appareil en conteneur, type MODULOPUR® fabriqué par la société MORLY CHIMIE, a une capacité de production de 7 500 à 10 000 litres par heure. Si à partir d'une eau moyennement polluée il fournit une eau bactériologiquement satisfaisante, en revanche, si la ressource est très polluée, l'eau produite ne répond pas aux critères de qualité exigés.

Enfin, en situation de crise, le contrôle de la qualité de l'eau comprend plusieurs étapes :

- évaluation de la qualité de la ressource,

- surveillance du site de pompage,

- surveillance quotidienne de la chloration, complétée par des analyses bactériologique B₂ et physico-chimique C₂. Cependant les moyens de contrôle microbiologique actuels ne dépistent que des bactéries témoins de contamination fécale, mais ne prennent pas en compte les risques viraux et parasitaires.

Abstract

The aim is to obtain from a source of uncertain quality, a water which after processing and disinfection could be drunk by the soldiers without risk.

During emergency, the possibilities of water pollution are multiple:

- bacteriological in countries where the social economic and educative standard towards the faecal risk is weak,

- destruction of the distribution network by weapons,

- use of chemical or biological weapons.

To face these possibilities and considering the necessity of water, several type of materials processing of unequal performance are presented.

The individual apparatus KITOPUR®, presently in endowment, made of a single carbon active cartridge has been tested. After filtration of 30 litres of water loaded with organic substance, the cartridge was filled up and the filtered water contains some bacteria.

New individual systems of filtration have been tested:

- one method consists in filtering water through ceramic surface whose threshold of filtration is 0,2 µm. The micro particles and pathogenic germs in suspension are retained. However, the filling up of cartridge holes is to be feared,

- the other system is a "straw" of personal use, formed of a first filter, an iodized resin and active second carbon filter.

The efficacy of filtration is excellent when organic and bacteriological pollutions remain moderate. In return, with a muddy and much polluted water, the sterilization is doubtful and the straw is damaged.

The portable apparatus M.E.P. 200® made by MENGIN society can process 200 litres of water per hour. After three days of operation or a filtration of 1200 litres of water, the filtering element should be replaced.

The mobile apparatus AQUAMOBIL® made by the ENTROPIE corporation, whose principle is based on a process of distillation at low temperature by thermocompression, produces 1500 litres of water per hour assuring a perfect bacteriological and chemical purification.

The apparatus in container, type MODULOPUR® made by MORLY CHIMIE society, has a producing capacity of 7 500 to 10 000 litres per hour. If, from a water moderately polluted, it produces a water bacteriologically satisfying, otherwise, if the source is much polluted, the water produced does not answer to the required quality.

Finally, during emergency, the quality control of water includes several stages:

- valuation of the quality of the source,

- supervision of the pumping spot,

- every day supervision of chlorination, completed by bacteriological analysis B₂, physical and chimical analysis C₂. However, the means of current bacteriological control detect only bacteria which are proof of faecal pollution, but did not take into account viral and parasitical risks.